La banque fait l’objet de nombreuses interrogations. Désabusés face aux multiples révélations déclenchées par la crise de 2008, les clients sont de plus en plus regardants envers leur banque en tant que consommateurs toujours plus alertes. Frais abusifs, taxation sur de plus en plus de comptes courants… Les titulaires bancaires ne veulent plus jouer les marionnettes d’un système gourmand. Les comparateurs de banques se multiplient, tout le monde cherche à trouver la plus honnête. Une course qui enclenche la mise en place de nouveaux modèles de concurrence pour ces banques traditionnelles notamment avec l’apparition des services bancaires en ligne. Mais quand le banquier disparaît au profit d’un smartphone, les secrets ne seraient-ils pas mieux gardés ?
Les citoyens ont de moins en moins confiance en leur banque. La stature des banques les plus prolifiques se voit assombrie par une multitude de scandales financiers que l’on continue à découvrir encore en 2020. On reproche aux conseillers bancaires de voir chez un client uniquement son potentiel financier et lucratif pour une banque plutôt que de soucier de ses réels besoins. Manque de transparence, implication de rachat d’actifs risqués, quand est-ce que la liste des petits secrets de nos banques va-t-elle s’arrêter ? La crise de 2008 a laissé des séquelles dans la confiance des personnes envers le système bancaire. La société internationale d’étude de marché YouGov avait soulevé une inégalité des opinions sur les rapports des citoyens à leurs banques à travers le monde. On remarque que les pays de l’Union européenne sont généralement beaucoup moins positifs sur à leur égard. 37 % d’entre eux déclarent avoir confiance en ces institutions contre 74% des Américains. Un écart que YouGov justifie par la réussite de la banque central Américaine, la Fed, dans la gestion de la crise mise en parallèle à une certaine impuissance de la Banque Centrale Européenne qui a notamment dû composer à plusieurs lors de la crise. Le vieux continent s’est efforcé cependant depuis quelques années à rendre ses services plus lisibles. L’implantation en 2014 du « droit aux comptes » dans l’Union s’est avancée dans cette direction en imposant de remettre à un nouveau souscrivant un document présentant les services liés à son dossier mais également de détailler les frais pouvant lui être facturés.
Problème, ce contrôle européen reste tout de même limité et les banques doivent faire face à des taux bas qui pénalisent leurs marges mais aussi le salaire de leurs employés. Pour inverser la courbe du déclin des agences européennes, les banques cherchent de nouvelles recettes. Une bataille inédite se prépare en secret: la taxation des dépôts des particuliers. Cette dernière ne relève pas de la fiction et s’applique déjà au Danemark, en Allemagne et en Suisse où une centaine de caisses d’épargne et de banques appliquent des sanctions sur les comptes dépassant les 100 000 euros. Mais en fonction de l’évolution économique, plus d’un tiers de ces établissements envisageraient même de prélever les comptes des petits épargnants et il n’est pas impossible que cette taxation dépasse les frontières du Rhin. « Si la période de taux très bas se prolonge, ce qui devrait se produire, on peut très bien imaginer que des particuliers ayant 50 000 euros de dépôts soient taxés. La question se pose. Au final, un nombre de clients bien plus importants que ce que l’on peut imaginer, aujourd’hui, pourraient être taxés. Juridiquement, rien ne s’y oppose » avait expliqué Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne, association française. Entre supervision européenne et manipulation, la frontière est mince. Mais peut-on se passer des banques ?
Banques en ligne, sont-elles si différentes des banques traditionnelles ?
Impossible de leur échapper. Leurs mérites sont vantés un peu partout entre slogans publicitaires, démarchage en rue et sur internet, les banques en ligne bousculent l’écosystème bancaire. Leur objectif ? Se démarquer des banques classiques en affichant une certaine simplicité d’utilisation, des coûts réduits, une toute nouvelle interactivité avec ses finances… Les clients auraient-ils trouvé leur nouveau compagnon de porte-monnaie ? Si ces derniers ne représentent pas encore une clientèle bancaire abondante en revanche elles affichent un taux d’ouverture élevé leur traduisant un bel avenir. Il faut dire que leurs adhérents ont de quoi se sentir en confiance. Retraits illimités sans frais dans tous les distributeurs, cartes gratuites, découverts autorisés à taux préférentiel… Leur grille tarifaire semble beaucoup plus légère et compréhensible.
Un instant! Avant de vous précipiter en courant vers votre portable pour souscrire à ces merveilleux comptes en banque, il y a encore quelques points que nous n’avons pas évoqué. Tout d’abord, derrière cette gratuité de prime abord peut se cacher de malicieuses conditions comme un montant minimum sur le compte, un minimum de revenus mensuels ou bien d’épargne maison. Contrairement à leur apparence idéale, ces banques en ligne restent tout de même réservées aux plus aisés. D’un autre côté, il est aussi important de souligner une certaine restriction dans l’offre des services proposés par ces banques en ligne: un encaissement des chèques contraignant, une offre de crédit souvent inexistante ou encore un conseil pour le client moins efficace.
Des banques en ligne pas si différentes de leurs homologues en agence finalement. Cela n’est pas sans raison puisque ces comptes bancaires 2.0 sont généralement les rejetons d’importants groupes financiers. Moins de frais, moins de services et moins de contacts humains, leur compétitivité est à pondérer.
Néo-banques, une transparence totale ?
Il y a aussi de la concurrence parmi les nouveaux de la Fintech. Les banques en ligne commencent à voir de plus près l’arrivée d’un nouveau de la banque 100 % pilotables: les néo-banques. Leurs principes sont assez similaires. Elles proposent toutes deux plus d’innovations et de liberté. Mais loin de cacher les défauts plombant le succès des banques en ligne, les néo-banques ont transformé cette limitation dans les services en véritable argument pour conduire à une souscription. Pour convaincre, elles ne proposent pas de crédit immobilier, pas de découvert possible mais d’un autre côté pas de demande de revenu minimum ou encore aucune taxation sur les dépenses en devises étrangères. Ces porte-monnaie de poche s’adressent donc à un public ciblé: interdits bancaires, étudiants avec peu de ressources, jeunes actifs, voyageurs ou encore accros au shopping.
Cependant, si on y regarde de plus près, les néo-banques s’accordent une certaine taxation. Moindre que sur les comptes bancaires classiques certes, mais pas totalement gratuite non plus. Prenons l’exemple de Revolut dont la carte de paiement n’est pas payante, son envoi postal est cependant facturé à six euros. Revolut et N26 limitent aussi le nombre ou le montant prélevé en distributeur: 2 euros de frais au-delà de cinq retraits chez N26 et 2% de commission chez Revolut si vous retirez plus de 200 euros dans le mois.
Mais au-delà de ce petites commissions, les néo-banques commencent à attirer l’oeil des critiques. En 2019, The Daily Telegraph avait révélé que Revolut avait suspendu pendant trois mois, l’année précédente, un de ses outils de contrôle des transactions suspectes. Autre cas, la Bafin , l’autorité de régulation de la finance allemande, avait estimé que la procédure d’authentification de N26 était défaillante laissant ainsi présager un important risque de blanchiment d’argent via la plate-forme. Dernier exemple, un rapport de 2015 du ministère de l’Économie et des finances français avait cité les comptes de Nickel comme de possibles moyens de financement du terrorisme. Des affaires très sensibles dont la plupart des néo-banques essayent de se justifier et/ou de démentir. Le manque de structuration encore trop présent de ces nouvelles « banques » commence à se faire ressentir. Pour rassurer les clients de ces dernières il est impératif d’améliorer ce point et rapidement.