Ici le bureau des réclamations, que puis-je faire pour vous ? Le système bancaire actuel est en plein mouvement, difficile de s’y retrouver. On pourrait reprocher à la structuration classique son fonctionnement encore trop obsolète avec par exemple la pratique de frais abusifs empêchant la réelle ouverture de comptes pour toutes et pour tous. D’ailleurs, les séquelles de la crise financière n’ont pas amélioré cette image de déclin des banques. Pour faire évoluer les pratiques bancaires et relever la cote de popularité quelque peu en berne de nos chères banques, ces dernières ont notamment pris le pas du digital. Mais entre réelles innovations et manque d’homogénéité, il y a encore des points à améliorer et cela même du côté de la nouveauté.
Quelle relation entretenons-nous avec notre banque? Fusionnel ou conflictuelle, peu importe la conjoncture, la banque apparaît comme un pilier dans la gestion de nos finances au quotidien. Bien que le service bancaire tend à se diversifier, nous sommes en majorité fidèle à notre banque. C’est en tout cas ce qu’affirmait le cabinet d’audit international Deloitte. Les clients bancaires resteraient dans ces établissements en moyenne 17 ans. Un beau mariage qui dure mais qui étonne cependant. En effet, ce pourcentage vient se heurter à une réalité moins glorieuse. La méfiance des clients n’est pas chimérique et d’après cette même enquête 60% des personnes interrogées ont confiance en leur banque principale: “On peut considérer que c’est un bon chiffre quand on pense aux scandales financiers. Mais lorsque l’on considère que la mission d’un établissement bancaire est de vendre de la confiance à ses clients, alors c’est plutôt un mauvais chiffre. », explique dans ce rapport Baudoin Choppin de Janvry, chargé des études sur la banque.
Effectivement, on observe une plus grande confiance aux banques émergentes sous format mobile ne possédant pas d’agence physique. « Le modèle des banques directes est assez récent et elles font moins de promesses en matière de produits et services que les banques classiques. Par conséquent, “le risque de décevoir est plus faible », souligne le même rapport . Il faut dire que le modèle traditionnel bancaire a encore du mal à se relever depuis la grande crise l’ayant secoué en 2008. La fameuse crise des subprimes a pour la première fois montré des failles dans ce capitalisme que l’on pensait intouchable. Les banques avaient gagné un tel pouvoir qu’on les disait même « trop grosses pour faillir ». Une confiance quasi aveugle qui a mis en péril les plus petits budgets avec la vente de crédits immobiliers qu’ils ne pouvaient pas réellement rembourser. Ce sont d’ailleurs les porte-monnaie les plus fragiles qui subissent encore aujourd’hui une certaine « discrimination ». Les frais bancaires ont trouvé leurs premières victimes. En effet, bon nombre de foyers ne parviennent pas chaque mois à dépasser la fatidique barre du découvert. C’est à ce moment-là que s’accumule des multiples frais d’incidents bancaires. La facturation a du mal à passer. En 2017, le bénéfice des banques sur ces fameux frais d’incidents de compte s’élevait 4,9 milliards d’euros selon le magazine français « 60 millions de consommateurs ». L’impression que les banques jouent avec notre argent subsiste encore.
Banque 2.0, une réelle prise de contrôle sur notre argent ?
On ne peut pas reprocher aux banques n’avoir fait aucun effort. En 2014, c’est à l’échelle européenne que l’on essaye de fournir une toute nouvelle image aux banques avec l’’émergence de ce que l’on nomme le « compte de paiement de base ». Ce dernier serait la clefs à une homogénéisation et une inclusion bancaire pratiquée à grande échelle. Ce droit vise en effet à fournir à tout citoyen de l’Union un compte de base gratuit comprenant des produits bancaires essentiels comme la réception et l’envoie des paiements, l’obtention d’une carte, l’acquisition de quelques chèques ou encore le retrait d’argent liquide. Malheureusement cette aide semble encore trop illusoire pour les personnes ne pouvant pas survivre avec ce socle de produits bancaires minimums et ayant besoin d’un ou de deux crédits pour pouvoir avancer tranquillement dans la vie. De plus, les banques ne sont pas encore à pouvoir se vanter d’être les plus éthiques qu’il soit. En effet, certaines pratiques de ces dernières sont encore à décrier. Exemple, beaucoup de grands groupes bancaires continuent à investir de l’argent, votre argent, dans des projets dangereux pour l’environnement comme l’exploitation de mines de charbon. En parallèle à cela, les européens sont toujours plus nombreux à s’intéresser à cette cause écologique. En 2019, un sondage YouGov commandé par le think thank ECFR ( Conseil européen pour les relations internationales) avait établi que sur un panel de 45 000 personnes de l’UE le changement climatique était vu comme une menace majeure qui devrait être traitée en priorité par rapport aux autres problèmes, même si cela devait affecter la croissance économique du pays…
Pour faire entendre leurs voix dans l’économie et prendre part à des flux financiers qui leurs semblaient jusqu’ici hors d’atteinte, des nombreuses personnes ont trouvé une certaine « fraîcheur » dans la digitalisation des services bancaires. D’ailleurs, si vous regardez la télé, ce ne sont plus vraiment les banques classiques qui ont l’hégémonie de la publicité. Maintenant, on nous vante un peu partout les mérites des banques en ligne présentées comme des acteurs économiques réellement en accord avec les besoins de leurs usagers. Immédiateté, simplicité, et gestion à moindre coût, les banques en ligne se sont petit à petit imposées dans notre paysage. Une belle stratégie de la part des groupes bancaires classiques qui sont en réalité derrière toutes ces nouvelles banques dématérialisées. C’est la raison pour laquelle vous y retrouvez des produits très similaires à ceux proposés en agences physiques comme le crédit. Mais on pourrait tout même reprocher à ces banques de pratiquer encore une certaine discrimination à « l’embauche ». Effectivement, l’ouverture d’un compte y est encore régie par la condition d’un revenu minimum. Ce a quoi réponde les néo-banques par un retrait total de cette fameuse condition. Ces nouveaux acteurs de la Fintech affichent une gratuité concurrentielle. Inscription très rapide, carte de paiement offerte, consultation immédiate du solde etc.
Banques: de la nouveauté mais encore un manque d’homogénéité
Avec une facilité d’utilisation induite par le digital, une carte à débit immédiat mais aussi une interdiction au découvert bancaire, les néo-banques sont les amies des interdits bancaires, des jeunes en quête d’autonomie financière, des étudiants sans grandes ressources ou encore des globe-trotters avertis qui ne paient pas de frais supplémentaires sur les devises étrangères grâce à elles. Mais une nouvelle fois, on observe que ce schéma n’est finalement pas synonyme d’une inclusion bancaire absolue. En effet, ces banques n’ont pas toutes l’agrément bancaire et se cantonnent bien souvent au simple statut d’établissements de paiement proposant des services similaires à une banque sans en être vraiment une.
Mais ne soyons pas si pessimiste. Certes la route est encore longue pour concilier tout le monde mais le nouveau système bancaire est en perpétuelle évolution. La néo-banque Revolut a par exemple récemment reçu son agrément bancaire, ce qui lui permettrait de proposer une gamme de produits plus large et adaptée réellement à tout le monde. En 2018, la commission européenne a mis en vigueur la directive DSP2, directive européenne sur les services de paiement 2ème version promettant un contrôle poussé des échanges monétaires en ligne en sécurisant davantage les paiements et en apportant ainsi plus de sécurité pour le consommateur. « Cet acte législatif constitue une nouvelle étape dans la création d’un marché unique numérique dans l’UE. Il encouragera le développement de systèmes de paiement en ligne et mobiles innovants, ce qui stimulera l’économie et la croissance » avait souligné Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission chargé de la stabilité financière, des services financiers et de l’union des marchés des capitaux. La satisfaction des clients bancaires n’est plus que jamais mis à l’honneur. Enfin!