Sommes-nous encore face à une finance bipolaire ? D’un côté les plus aisés se verraient attribuer les meilleurs services d’une banque et seraient privilégiés dans leurs investissements. D’un autre côté, il y aurait les personnes plus en difficulté financière écumant les mauvaises surprises de leur banque à coûts de frais abusifs. Même si aujourd’hui il est aisé d’ouvrir un compte courant en agence ou en ligne certaines imposent encore un revenu régulier minimum pour l’ouverture d’un compte. Pour attirer les usagers des banques qui ne peuvent pas s’offrir le luxe d’un compte « classique », certaines Fintech proposent enfin de démocratiser réellement des services encore trop onéreux pour beaucoup. Mais une telle simplification du traitement des clients ne serait-elle pas encore en faveur de ceux déjà bien intégrés dans le système ?
Il faut l’admettre, la majorité des banques sont exigeantes quand il s’agit d’ouvrir un compte à un nouveau client. Venir avec un porte-monnaie quasi-vide est rarement possible et les agences observent en général avec minutie la situation d’un futur client. Un peu comme à l’aéroport avant de vous rendre dans l’avion il vous faut passer des contrôles de sécurité pour voir si vous êtes en règle. Pour une banque, cela se résume souvent à demander un justificatif de revenus. Cela permet de rassurer cette dernière sur différents points notamment sur la possibilité d’un client à honorer ses obligations. Il est aussi vrai qu’une banque va regarder dans son intérêt si son futur souscrivant pourrait lui apporter du bénéfices à travers l’acquisition de produits et de services rémunérateurs comme un crédit immobilier. Si à la fin des analyses les résultats démontrent l’existence d’un profil à risque un établissement peut refuser l’ouverture d’un compte. Bien évidemment, pour éviter cette « discrimination au porte-monnaie » il existe désormais ce que l’on appelle « un droit au compte ». Un droit à présent mis à l’échelle européenne pour assurer une meilleure bancarisation des citoyens de l’Union. Ce droit vous permet notamment d’avoir accès à une banque ainsi qu’à ses services élémentaires comme retirer de l’argent liquide, recevoir et effectuer des paiements, faire des versements, avoir accès à une carte de paiement ainsi qu’à deux chèques en banque au maximum par mois.… Néanmoins la procédure pour trouver une banque dans l’obligation de vous accepter peut-être fastidieuse.
Ces difficultés pour entrer dans un système bancaire qui place encore « à la rue » la finance de beaucoup persistent. En 2018, près de 4 adultes sur 10 dans le monde ne possédaient toujours pas de compte bancaire. Mais si un client plus fragile financièrement parlant qu’un autre parvient tout de même à se bancariser, il n’est pas impossible que celui-ci se retrouve en face de difficultés majeures. En 2017, « 60 Millions de consommateurs », fameux magazine de consommation français, avait souligné la persécution des personnes les plus fragiles financièrement parlant par des frais bancaires encore trop abusifs. Le dossier avait notamment relevé que les consommateurs français en difficulté financière persistante se voyaient prélever en moyenne près de 300 euros de frais par an contre 34 euros pour les clients moins fragiles. Selon cette même enquête, l’ensemble des frais liés aux incidents de fonctionnement reste très lucratif pour les banques de détail et contribueraient de 30 % à 35 % à leur chiffre d’affaire. Une ponction qui peut aggraver la situation de certaines personnes et qui par la même occasion contribue à détériorer la relation banque/client. Un aspect spéculateur de la part des banques déjà mise en cause lors de la crise financière de 2008 où les agences avaient mis en péril les plus petits budgets dans des investissements à hauts risques. Alors, aujourd’hui existe-t-il une banque qui se soucierait des situations les plus délicates ?
Banques en ligne et néo-banques, un pas vers l’égalité ?
C’est assez naturellement qu’une distance s’est instaurée entre la banque et son client. Les nouveaux acteurs de la finance ont bien compris et analysé les torts d’un système jugé trop lucratifs. Pour pallier à la baisse de popularité des agences bancaires auprès d’une population grandissante, l’instauration de nouveaux moyens de gestion des comptes ont été mis en place. Les « comptes sans banque » se sont petit à petit installés et ont trouvé du succès auprès des personnes se sentant exclues du système traditionnelle comme les interdits bancaires. Les banques en ligne ont dématérialisé une offre encore trop floue aux yeux de beaucoup en simplifiant les services d’une banque sur une plate-forme mobile. Ces dernières offrent l’indispensable d’une banque à ses usagers comme la possession d’un RIB pour pouvoir percevoir un salaire mais disponibles en un clic. ING propose ainsi une offre en ligne sans aucuns frais bancaires avec 160 euros offert pour toute ouverture de compte ainsi qu’une Carte Gold. Mais il y a tout de même un intrus se profilant derrière tous ces avantages: le fameux justificatif de revenus.
Il n’est pas aisé d’avoir toujours un compte bien fourni notamment face aux aléas de la vie. Les étudiants ne perçoivent pas forcément de salaire mais souhaitent tout de même pouvoir gérer leur argent, les personnes au chômage ne veulent pas être victime de leur baisse de revenus ou encore un départ à la retraite ne doit pas être synonyme de diminution financière. C’est pour toutes ces raisons et bien plus encore que les néo-banques sont apparues. Elles affichent les mêmes arguments que les banques en ligne à un détail près: elles n’exigent pas de condition sur le revenu. Avons-nous enfin trouvé l’ultime solution? Cela n’est pas certain puisque pour atteindre ce niveau minimum d’exigence envers ses usagers, les néo-banques empêchent tout découvert possible. D’un côté des frais liés aux très courants incidents bancaires s’annulent mais il n’est pas simple pour tout le monde de gérer à ce point son budget et de ne pas se retrouver dans le négatif quand les factures de fin de mois arrivent et plombent notre solde.
Mieux exploiter un modèle en ligne pour apporter de réels changements
L’apparition de ces banques « sans compte » a permis d’établir une nouvelle connexion entre banque et client. C’est un bon début mais leur potentiel n’est pas encore exploité dans la direction la plus favorable pour tous. Pour lever définitivement les barrières d’une injustice bancaire et donner à tous le droit d’avoir un compte qui correspond au mieux à son budget et à ses projets on pourrait notamment envisager une meilleure exploitation des données récoltées en ligne sur les utilisateurs de ces nouvelles banques. L’usage de la data au service des banques a pourtant déjà fait ses preuves. Exemple, Citygroup, premier fournisseur de services financiers dans le monde propose de rendre l’expérience client beaucoup plus agréable. En exploitant la data au mieux, ce dernier propose ainsi des solutions financières toujours plus personnalisées concernant par exemple les taux de crédits pouvant être validés en temps réel auprès du client par sa banque. Le prototype d’une meilleure relation banque/client est désormais lancé, la suite est prometteuse