Il faut se rendre à l’évidence, il y a bien longtemps que l’argent que nous plaçons à la banque ne se trouve pas enfermé dans une chambre forte remplie de lingots. Enlevez cette fiction de votre tête, l’argent que vous avez mis entre les murs d’une banque ne vous attend pas sagement au chaud. En réalité, le solde indiqué sur votre compte bancaire n’est qu’une promesse de la banque à vous rembourser mais comment faire si cette dernière fait faillite ? Derrière ce scénario catastrophe se cache pourtant des faits très actuels et nombreuses sont les personnes à s’en inquiéter. Aujourd’hui nous ne sommes plus clients mais usagers de ces banques, de moins en moins épargnants et de plus en plus des investisseurs forcés. Face à cette perte de contrôle sur un argent durement gagné par beaucoup, sommes-nous entrain de nous acheminer vers une débancaristion ?
L’Europe est gangrénée depuis des années de ce qu’il reste de la grande crise l’ayant secoué en 2008. Au départ, le vieux continent avait pourtant confiance en son système bancaire peut-être à l’image d’une assurance un peu trop grande de la part de son voisin américain. Après une épuration des lois économiques aux États-Unis, les banques se sont largement étendue, on les disait même « trop grandes pour faire faillites ». Oui mais voilà, cet excès d’assurance a poussé ces dernières à prendre de gros risques et à mettre en péril au même titre les foyers les moins fortunés. Bien cachées par leur popularité qui leur permettait de ne pas dévoiler par exemple toutes leurs pertes, les banques américaines se sont également mises à vendre des crédits immobiliers à de petits emprunteurs au solde insuffisant pour pouvoir bénéficier de taux d’intérêt préférentiels. Mais les charges financières des emprunts se sont considérablement alourdies et les banques n’ont pas pu subvenir aux remboursements de tout le monde ce qui a déclenché l’hypothèque de nombreux biens immobiliers. Mais comment l’Europe s’est elle faite contaminer par son voisin outre-Atlantique ? En fait, les banques européennes avaient elles aussi placé leurs pions sur ces subprimes et ont manqué à l’heure tour de liquide pour honorer leurs engagements financiers… La confiance des européens vis-à-vis d’un sytème économique que l’on pensait intouchable s’est radicalement inversée.
Les banques continuent à s’octroyer notre argent
Les échos de la crise de 2008 se font encore entendre et l’impression que les banques jouent avec l’argent de leurs usagers est toujours vive en 2020. Henry Ford disait: « je paye mes ouvriers pour qu’ils puissent acheter mes voitures », pour caricaturer un peu la phrase on pourrait dire que désormais nous payons nos banques pour qu’elles puissent combler nos dettes mais aussi les leurs. Le cercle peut en effet paraître vicieux. En plus d’une pratique abusive des frais de nos agences qui poussent les ménages les plus en difficulté vers le négatif à coups de frais de tenue de compte et autres malus en cas d’incidents bancaires, les banques traditionnelles ne garantissent pas une sécurité sur notre épargne. De surcroît, on nous prévient qu’à l’heure actuelle, en cas de défaillance de nos banques nous pourrions être tenu de régler ces dettes « post mortem » notamment par la confiscation de notre argent au-delà d’un certain montant épargné, on parle de 100 000 euros. Mais les banques parviendront-elles aussi à rembourser les plus petits épargnants en cas de faillite générale du système? Rien n’est moins sûr et certains craignent une ponction également sur les plus petits soldes.
Il existe cependant des lois qui en apparence protégeraient le client d’une banque et son argent. Exemple: la réserve fractionnaire soit une fraction des dépôts que la banque est tenue de conserver auprès de la banque centrale. Mais la réalité est décevante et loin d’être dans l’intérêt de tous. En effet, cette garantie est de 1% pour la plupart des dépôts et même de 0% pour les dépôts dont l’échéance est supérieure à 2 ans. Vous disposez donc d’un livret d’épargne avec de l’argent bloqué dessus depuis plus de 2 ans? Les réserves obligatoires sont de 0 % et c’est écrit noir sur blanc à l’article 4 du règlement de la banque centrale européenne. Mais certains pays européens font déjà payer le prix d’un argent resté trop longtemps à la banque à ses clients. Effectivement, l’Allemagne, la Suisse et le Danemark ont le droit de prélever un « pourcentage » sur l’agent « dormant » de certains comptes bancaires pour éviter qu’elles ne perdent trop en raison principalement de taux d’intérêt bas. Par exemple en Allemagne, en 2019, 30 banques appliquaient un taux négatif pour les particuliers possédant plus de 100 000 euros sur un compte. Le président de l’autorité du secteur financier allemand (BaFin) avait même encouragé les pratiquants de cette démarche à imposer ce malus également à des comptes au solde inférieur à 100 000 euros. La facturation des dépôts renforce l’impression des citoyens de ne pas avoir de véritable contrôle sur leur argent mais surtout d’être puni par ce dernier.
Vers la fuite du système bancaire ?
Comment ne pas voir nos craintes se confirmer quand de surcroit les agences bancaires de l’Union Européenne sont déjà en péril. Leur nombre aurait baissé de 33% en 2018 depuis la crise du début du siècle. Un pourcentage qui s’ajoute déjà à la déception des clients face à ces abus bancaires mettant ainsi en danger un système déjà boiteux. Comment ne pas être tenté face à des discours que l’on voit de plus en plus fleurir sur le net notamment et qui nous dictent de sortir au plus vite notre argent de l’ «enfer » des banques avant qu’il ne soit trop tard ?
Une débancarisation totale reste cependant peu envisageable. Nous avons encore besoin de ces dernières au quotidien pour payer nos factures ou encore percevoir un salaire. C’est pourquoi l’heure actuelle n’est pas à l’abandon mais plutôt à la diversification. L’essor des Fintech, ces technologies financières surfant sur le succès du numérique indique un changement nécessaire dans la structuration du système monétaire. Par précaution, les ménages européens se tournent petit à petit vers ces solutions en ligne moins onéreuses. Tout un gardant un pied dans leur compte classique, une jeune génération notamment se réapproprie son budget en s’improvisant gestionnaire. D’un simple clic, leur portable a remplacé les agences ayant un pied-à -erre. Les néo-banques par exemple font la promesse ne pas abuser leurs clients en leur donnant toutes les clefs d’un compte bancaire saint. Pas de frais bancaires, ni de frais sur les devises étrangères, ces banques sur mobile nous permettent également d’éviter de puiser dans des ressources que nous ne posséderions pas à l’aide d’un solde mis à jour en direct mais aussi d’une interdiction au découvert. Mais un autre problème intervient également à l’avènement de ces nouvelle technologies. Les banques traditionnelles restent tout de même un soutient « physique » pour le client, là où le contact humain assombrie les avantages des Fintech. Entrer dans la vie active, acheter une maison, lancer son entreprise… Les agences bancaires restent encore de bons interlocuteurs pour nos projets à plus ou moins long terme. Placer son argent en 2020 reste une question complexe et confirme une forte crise identitaire du domaine.