Il y a encore peu de temps de cela, la finance était un monde à la conjugaison complexe. Un mot qui faisait peur, la propriété de quelques initiés. Aujourd’hui et à l’image d’une multitude d’autres domaines qui nous paraissaient alors hors d’atteinte, la finance tend à se démocratiser. Il n’est pas rare de voir des personnes frôlant tout juste le quart de siècle se lancer dans l’investissement à l’heure où la société prend avec assurance son virage numérique. Le point de patinage est imminent, il faut passer la cinquième. La population de plus en plus mobile ne tient plus sur le socle d’une bancarisation obsolète à l’apparence statutaire. Envie de voyage, d’instantanéité et surtout de simplicité, la néo-banque s’arrache des carcans d’une structure traditionnelle et prend la vague de nouveaux modes de vie qui ont la bougeotte.
Nichée entre le vendeur de journaux et la boulangerie, la banque a toujours fait partie de notre paysage. Oui mais voilà, à l’image d’une nouvelle manière de consommer l’information ou tout simplement d’aller faire ses courses, le rapport aux services bancaires est en pleine passe révolutionnaire. Autrefois passage obligatoire à l’entrée dans la vie active, l’agence bancaire apparaissait comme un relais sécurisant, un solide pied-à-terre pour notre porte-monnaie. C’était sans compter sur l’apparition des alléchantes « FinTech », ces technologies proues d’un navire financier levant les voiles sur une gamme de services innovants et digitaux. Une tempête qui secoue des agences bancaires européennes qui peinent à ramer face à ce vent digital et des coûts de plus en plus alourdissants. Depuis la crise financière de 2008, le vieux continent a vu le nombre de ses banques « physiques » prendre sans cesse du plomb. En 2018, la fédération bancaire européenne (EBF) avait chiffré cette perte de vitesse à une baisse de 33% des agences depuis la crise. Une chute qui entre en coalition avec une finance de plus en plus indépendante, dématérialisée, personnalisée et personnalisable…
Crise identitaire, la néo-banque détient-elle la solution ?
La banque « à papa » semble donc en perte de cote. Souvent choisie par filiation, notre banque s’amourache à accompagner son client dans les projets de toute une vie et ce sur plusieurs générations. Un aspect sécurisant pourtant complexifié par des offres à la pelle, de la paperasse accumulée, des conditions conduisant parfois à l’incompréhension et des frais pouvant rapidement enfler. Pour faire le tri et s’approcher d’une vision d’une banque qui lâcherait du lest et donnerait la parole à de nouveaux gestionnaires en herbe, la néo-banque prend le parti de laisser plus de liberté à ses souscrivants. Un maître mot: épurer. À l’image de nos modes de vie passés à vitesse grand V, notre banque doit prendre la cadence avec peu de bagages sur le dos. Une inscription éclair, 8 minutes top chrono prônée par l’allemande N26, le tout réduisant la demande de documents au strict minimum. Une simple pièce d’identité et un justificatif de domicile, un point c’est tout. Exit donc certaines conditions sur le revenu, frais bancaires et autres termes à rallonge pouvant mettre notamment à mal les jeunes actifs et les personnes en difficultés financières. Un lâcher-prise sur le client souvent perçu comme un solide gage de confiance.
Face à une nouvelle génération biberonnée par le digital, les néo-banques s’imposent comme les miroirs d’une finance désormais pixelisée et pertinente. Disponibles à bout de bras, via des applications sur mobile ergonomiques et sans fioriture dont nous sommes adeptes, ces banques de poche consolident la vision d’une bancarisation qui réduirait la distance. Si les images du film de science-fiction d’Andrew Niccol, « Time Out » où il faut payer le quotidien à bout de bras et même sa vie vous hantent, n’ayez crainte la néo-banque n’a rien d’une technologie destructrice. Bien qu’elle relève d’une certaine rigueur dans la gestion de ses comptes, ce nouveau format donne surtout accès à une liberté novatrice. Une évolution qui prend notamment forme grâce à un nouvel outil portant le nom de « carte à autorisation systématique ». Contrairement à une carte de débit « classique », ce type de carte bancaire permet ainsi d’avoir une vision de ses finances à l’instant t. La formule est simple: un achat égal à une notification directe sur son portable le tout, additionné à un débit « immédiat ». Une réactivité de mise permettant de faire une croix sur les fameux décalage des relevés bancaires et ainsi de contourner les mauvaises surprises à la fin du mois. Un pied-de-nez à l’incompréhension souvent générale des cartes « à débit immédiat ». Ne vous y méprenez pas, contrairement à leur dénomination alléchante, elles sont à l’origine de ces « amnésies » financières avec une autorisation bancaire parfois bloquée sur plusieurs jours. Un point positif donc pour les cartes très malléables des néo-banques aux yeux des digital natives qui ne s’embêtent plus à accumuler tickets de caisses et autres reçus pour garder un oeil sur leurs dépenses.
La néo-banque, accessoire du nouveau voyageur
Derrière le discours d’une instantanéité de plus en plus recherchée se cache l’envie d’une génération de soulever définitivement les frontières de son quotidien. Plus le temps d’attendre la retraite, il faut voyager, partir à la découverte et cela de plus en plus tôt tout en surfant sur la bonne affaire. Les modes de vie changent et partir explorer à l’autre bout du monde est devenu une source d’épanouissement personnel pour une génération qui a les jambes qui fourmillent. Un sondage réalisé en 2017 par l’agence de voyage eDreams fait justement ce constat. Sur un large panel de 13 000 adultes originaires de huit pays ( la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne, la Suède, le Portugal, l’Italie et les États-Unis), le constat est sans appel, les 18-30 ans ont déjà visité 3 fois plus de pays que la génération les précédant. En cause ? Des étudiants en quête d’exotisme ou encore une forte influence des réseaux sociaux notamment Instagram qui alimente les esprits de ces images de paradis désormais à portée de main.
Dans ce mouvement général, la néo-banque a fait ses preuves comme compagnon idéal de voyage à glisser dans sa valise entre le maillot de bain et le tube de crème solaire. Toujours dans son optique de rassurer ses utilisateurs au quotidien, la banque mobile peut se vanter d’alléger nos frais de voyage. Alors que partir à l’étranger est souvent synonyme de dépenses supplémentaires générées par des frais bancaires qui enflent lors d’un paiement en devises étrangères ou d’un retrait, certaines néo-banques souhaitent annuler ces stressantes commissions. Une nouvelle fois donc, pas de mauvaise surprise quand vient la fin de l’été. En véritables couteaux suisses, quelques néo-banques ont décidé de pousser l’expérience plus loin en permettant à ces voyageurs avertis de souscrire à une assurance voyage à moindre coût. Exemple, l’offre « N26 Black» permet pour un peu moins de 10 euros par mois de se munir d’une assurance de voyage complète: perte de bagages, indemnisation en cas d’urgence médicale, couvertures sur les retards ou les annulations de vol… Bref de quoi partir le coeur léger. Dernier filet de sécurité à nos globes trotteurs, une des particularités de la néo-banque est l’interdiction du découvert. Une mesure pouvant sembler assez rigide à première vue mais qui permet d’éviter agios et autres frais bancaires supplémentaires que l’on ne veut surtout pas se coltiner loin de chez soi.
En résumé, la néo-banque se veut être le compagnon idéal d’une génération connectée, jeune, mobile voulant éviter les frais bancaires souvent inabordables des banques traditionnelles. De nouveaux modes de vie impliquant une finance toujours plus portative et simple d’utilisation.