Avantages ou inconvénients ? Les avantages gouvernementaux accordés aux banques sont-ils de bonne augure ou un risque supplémentaire pour nourrir l’effondrement du système bancaire traditionnel et, par conséquent, de l’économie ? Comment protéger la bonne santé des banques lorsque leur internationalisation forme un véritable oligopole bancaire ? Ne vaut-il mieux pas faire confiance aux nouvelles structures émergentes comme les néo-banques ou les banques en ligne, agissant indépendamment de ces banques universelles dont l’effondrement est à dimension internationale lorsqu’une faille dans le fonctionnement se déclenche comme lors de la crise financière de 2007-2009 ?
Un oligopole bancaire : le monopole des méga-banques
Selon la Fédération Bancaire française, on ne peut parler de banques « françaises » à juste titre. À l’époque de la mondialisation, les banques n’échappent pas à la règle et opèrent au niveau mondial. Pour utiliser un terme plus juste, il faut donc parler de « méga-banques » ou de banque universelle.
Dans le monde, c’est une trentaine de méga-banques qui se partagent le territoire financier. En France, on peut en dénombrer 4 :
- BNP-Paribas ;
- la Société générale ;
- le Crédit agricole ;
- et BPCE (le groupement entre la Banque Populaire et la Caisse d’épargne).
Cette trentaine de méga-banques contrôle à elles seules ¾ du système financier mondial : il s’agit là d’un véritable oligopole bancaire. Lorsqu’il est question des avantages gouvernementaux accordés aux banques, il est donc important de ne pas confondre ces méga-banques avec les banques en ligne, les banques mobiles et les néo-banques, n’ayant pas toutes de tels géants financiers derrière elles. Elles ne sont pourtant pas à l’abri de demande de partenariats ou de rachats par ces méga-banques qui contrôlent la majeure partie du système financier mondial.
La mise en place de la séparation bancaire en 1945
Au cours de l’histoire, différents contextes ont appelé différentes mutations du fonctionnement des systèmes bancaires au travers le monde. La crise financière de 2007-2009 a profondément entaché la confiance des utilisateurs envers les banques classiques (les banques physiques ou banques traditionnelles).
Afin de répondre aux besoins d’une reconstruction rapide dans le contexte d’après-guerre en 1945, le gouvernement a procédé à la nationalisation des banques au travers de la loi du 2 décembre 1945 afin de séparer et distinguer :
- les banques d’État (les banques nationalisées) ;
- les banques d’affaires ;
- et les banques de crédit à moyen et long terme.
Cette nationalisation des banques a permis à l’État de contrôler 90 % du capital. Le besoin de crédits pour la reconstruction des bâtiments détruits pendant la guerre justifiait à l’époque cette appropriation : « les banques qui doivent devenir banques d’État sont celles dont le réseau d’agences est national et dont l’activité correspond à celle d’un service public » (extrait de la loi de séparation bancaire du 2 décembre 1945).
L’objectif du gouvernement au travers de cette réforme consistait également à exclure les banques de dépôt et des banques d’affaires du financement de l’Industrie : « elles peuvent mettre la trésorerie et la monnaie en péril » (extrait de la loi de séparation bancaire du 2 décembre 1945).
La mise en place d’un modèle de banque universelle
Ce modèle de séparation bancaire n’a fonctionné que jusque dans les années 1980, époque à laquelle la naissance de la banque universelle a été actée. C’est plus précisément en 1984 que la loi de 1945 a été abrogée et que la banque moderne, que nous appelons maintenant la banque classique ou la banque traditionnelle, a fait sa véritable apparition sous la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.
Cette décision n’est que le décloisonnement des activités bancaires accordé aux banques par le gouvernement. Résultat de l’érosion d’un système ? Une chose est sûre, les banques de dépôt et les banques d’affaires ont gagné en champ d’action suite à cette révision législative. C’est à partir de ce moment-là que la mixité des banques a pu se développer.
Les dangers de l’internationalisation de nos banques
Le principal risque lié à l’internationalisation de nos banques consiste au processus d’engrenage dans lequel elles peuvent se retrouver prises au piège comme lors de la crise financière de 2007-2009. Nous en avons conscience, mais est-ce suffisant pour empêcher une nouvelle crise financière dans les années à venir ?
La transmission du risque dans la relation banque / État
Lorsque l’État est intrinsèquement lié à ses banques, les risques ne se décuplent-ils pas, aussi bien du côté des banques que du côté de l’État ? En 2007-2009, la crise financière a touché le monde entier. La récession mondiale qui a suivi a été la cause directe d’une détérioration rapide de l’économie et plus précisément en termes de finances publiques. Toutefois, ce sont les pays où l’économie est la plus développée qui ont été les plus affectés par ce processus d’engrenage. N’est-ce pas là une trace d’un risque de transmission profondément dangereux, pouvant mettre en péril l’économie de nombreux pays ?
Si la crise financière de 2007-2009 s’est déclenchée au Royaume-Uni et aux États-Unis en touchant tout d’abord le système bancaire, l’intervention de l’État, dans les deux cas a permis de sauver le système bancaire traditionnel. Toutefois, ce genre d’acte à des conséquences. Et si le secteur bancaire s’est mieux porté, ce qui a permis de limiter la récession et ses conséquences, il ne faut pas oublier que cela a entaché la bonne santé des finances publiques de ses États dans lesquelles ils sont venus piocher pour aider les banques.
Toutefois, cela a fonctionné car les finances publiques de ces États étaient solides. Ce qui n’était pas le cas pour la Grèce où la fragilité économique provenait justement des finances publiques et non pas forcément des banques traditionnelles. Pour des pays comme la Grèce, le Portugal et l’Irlande, une aide financière internationale a été nécessaire.
Un engrenage pouvant mener à l’effondrement économique
Dans un pays, les relations entre les banques et l’État sont une véritable fragilité. Lorsque les finances publiques sont en mauvaise santé, les difficultés financières peuvent se propager au système bancaire de ce même pays très rapidement, au travers de conséquences comme :
- la dévalorisation des portefeuilles de dettes des États ;
- la diminution conséquente des perspectives économiques du pays ;
- et les problèmes de source de financement.
Cet engrenage négatif lié à la relation entre l’État et les banques peut donc démarrer par :
- des fragilités au niveau du système bancaire ;
- des fragilités au niveau des finances publiques.
Dans les deux cas, si une récession économique émerge, la fragilité se transmet entre État et banques très rapidement. Une crise souveraine (finances publiques) augmente donc le risque d’une crise bancaire et vice-versa. Un véritable danger pour notre économie ! Preuve à l’appui avec des pays comme l’Irlande ou l’Islande où l’impact a été tel que, sans intervention internationale, ces États étaient en péril.
La diversité bancaire garante de la stabilité financière ?
Si le modèle de séparation des banques de 1945 n’a pas fonctionné, si celui d’une banque universelle de 1984 n’a pas fonctionné non plus, la solution ne serait-elle donc pas dans la diversité ? Si nous ne sommes jamais à l’abri d’une mauvaise décision d’un directeur de banque, qu’il s’agisse d’une banque traditionnelle ou d’une banque en ligne ou encore d’une néo-banque, il est toutefois possible d’éviter qu’une simple erreur ait des conséquences au niveau mondial.
Les néo-banques : un nouveau service bancaire fiable ?
La mutation des systèmes bancaires avec l’apparition des banques mobiles, des banques en ligne et des néo-banques est la preuve que nous sommes à la recherche de nouveaux systèmes bancaires. Et les start-ups regorgent d’idées innovantes pour répondre à ce besoin d’innovation.
Empêcher un crash financier est une bien grande ambition, toutefois en réduire l’impact, rendre un crash bancaire gérable et à moindre envergure, s’assurer que ce crash n’ait pas de conséquences pour les épargnants, ces ambitions-là sont envisageables avec la mutation du système bancaire tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Le but est de se dissocier d’une interconnexion qui a eu pour conséquence de nuire au monde entier lors de la crise financière de 2007-2009. Mais quel est le niveau de maturité des néo-banques qui émergent de manière exponentielle depuis plusieurs années ? Peut-on leur faire confiance pour être à la hauteur ?
Une chose est sûre, les néo-banques sont des entités modernes profondément agiles qui peuvent se développer bien plus vite que les banques traditionnelles appartenant à de grands groupes contraignants avec peu de flexibilité concernant les choix liés à leur transition numérique.
Le développement des partenariats entre start-ups
Le phénomène de partenariat entre start-ups est en plein développement et permet à ces nouveaux modèles bancaires de regrouper l’investissement nécessaire bien plus rapidement pour proposer de nouveaux services à leurs clients. Cette stratégie est efficace pour :
- la collecte d’épargne ;
- et la distribution de crédit.
Ces rapprochements permettent aux néo-banques de ne plus pâtir de ces deux faiblesses. L’agilité de ces néo-banques leur permettra-t-elle d’asseoir leur solidité de manière pérenne ?